Les Constellations Familiales & Systémiques :
- Virginie Carré-Detroye
- 13 sept.
- 6 min de lecture

Les Constellations Familiales sont un outil merveilleux pour révéler et libérer les schémas invisibles qui influencent, bien inconsciemment, nos vies. En explorant nos liens familiaux, cette approche nous permet de dénouer les dynamiques non résolues héritées de notre histoire, offrant un chemin d'évolutions pour nous-mêmes et les générations à venir.
Je pratique et transmets les constellations familiales et systémiques avec gratitude et rigueur. Cette approche n’est pas d’abord une technique psychologique à visée explicative, mais un protocole de mise en scène sensible qui révèle ce qui est en mouvement dans un système, qu’il soit une famille, une entreprise, un couple, un réseau d’amitié ou même le paysage intérieur constitué de nos « parts ». Les constellations offrent un espace où le demandeur, accompagné, expose une problématique précise. Ce n’est pas seulement une parole : c’est une demande à laquelle le champ (le groupe au travail dans une constellation) va répondre en manifestant des relations invisibles entre éléments. Ces manifestations rendent visibles des loyautés, des exclusions, des dettes symboliques et des mémoires qui circulent souvent à bas bruit dans nos vies.
Dans la pratique, le travail commence par la formulation attentive d’une demande : qu’est-ce que vous voulez clarifier, pacifier, ou retrouver ? Et c'est une collaboration entre le constelleur qui accompagne dans la formulation de cette demande. Ensuite, selon le format, des personnes du groupe, des objets ou des symboles, désigné par la personne constellée, deviennent représentants. Leur placement dans l’espace (distances, orientations, postures) met en lumière la dynamique du système ; Et le phénomène est souvent étonnamment net : des représentants « prennent » des ressentis, des tensions ou des inclinations qui ne leur appartiennent pas à titre individuel mais au système qu’ils représentent. La constellation fonctionne alors comme un dispositif de perception augmentée : elle ne « prouve » pas une vérité historique systématiquement, mais rend perceptible des champs relationnels et affectifs qui demandent reconnaissance. Dans cette démarche, nous respectons des lois systémiques (appartenance, ordre, équilibre) qui, lorsqu’elles sont bafouées, produisent blocages et symptômes.
Les constellations ne sont pas réservées à la seule image de la « famille nucléaire ». On travaille tout autant l’héritage transgénérationnel, "secrets", blessures non dites, événements oubliés, que les dynamiques intergénérationnelles (comment se transmettent rôles et places entre frères/sœurs, parents/ enfants, ancêtres). De même, l’outil a été adapté pour le corps : les « constellations du schéma corporel » proposent de donner à différentes parties corporelles, sensations ou symptômes une place dans l’espace afin d’entendre leur message et restaurer la joie d’habiter son corps. À l’autre bout du spectre, les constellations systémiques d’organisation permettent d’explorer les nœuds relationnels, rôles, et enjeux stratégiques qui freinent un projet ou une entreprise. Ces déclinaisons montrent la plasticité de la méthode : le « système » peut être n’importe quel ensemble d’appartenance signifiant. Un arbre familial, une équipe, une relation d’amour, un champ professionnel, une croyance sur l’argent ou le paysage intérieur de nos parts.
Quand j’accompagne sur des thématiques amoureuses ou amicales, la constellation permet de voir comment les lignées de chacun pèsent sur la relation : loyautés, personnes exclues du champ, rivalités anciennes ou dettes émotionnelles peuvent détourner le désir et la confiance. Pour le lien à l’argent, j’observe fréquemment des injonctions ou des interdits hérités. «on ne parle pas d’argent», «on ne gagne pas sa vie avec…», «il faut se sacrifier».
Qui figent la circulation entre donner et recevoir ; en constellations, ces messages deviennent visibles et peuvent être re-situés, ce qui ouvre concrètement la possibilité de nouvelles postures financières. De la même manière, en constellation professionnelle, la mise en scène éclaire qui, au sein d’un projet, porte un poids qui n’est pas le sien (une personne qui «fait» la loyauté d’un disparu, un manager qui porte une histoire non traitée), et permet d’envisager des réajustements structurels. Ce rapport à l’argent est d’autant plus complexe qu’il est chargé de représentations sociales et culturelles.
L’humoriste Coluche le soulignait avec ironie : « En France, les pauvres sont des gentils et les riches sont des méchants… C’est pour ça que les pauvres veulent pas devenir riches : ils veulent pas devenir méchants ! » Ceci est un bel exemple des poids inconscients que certaine personne peuvent porter.
Différentes injonctions façonnent non seulement notre rapport à la réussite matérielle, mais aussi notre estime de soi. Lorsque, dans l’enfance, la place reçue dans le système familial n’a pas permis de se sentir pleinement reconnu ou valorisé, cela peut fissurer la confiance intime en sa propre valeur et créer des blocages puissants dans la capacité à recevoir, à demander, ou à se sentir légitime dans l’abondance. La constellation vient alors offrir un espace où ces croyances se montrent, où elles reprennent leur juste origine, et où l’on peut réhabiliter à la fois la dignité personnelle et la liberté de relation à l’argent. En rétablissant cette alliance entre valeur intérieure et circulation matérielle, un apaisement s’installe et la personne peut s’ouvrir à de nouvelles postures, plus justes et plus fluides.
J’intègre aussi aujourd’hui dans mes propositions la dimension interne des parts, en résonance avec des modèles tels que l’Internal Family Systems (IFS) : notre monde intérieur est lui-même un système, composé de parts protectrices, blessées ou exilées. La constellation, utilisée avec tact, peut externaliser ces parts, en donnant à chacune une place dans l’espace et ainsi faciliter la reconnaissance, la voix et l’écoute entre elles. Cette articulation entre travail spatial (constellation) et travail interne (IFS) ouvre une voie sensible pour faire dialoguer ce qui, à l’intérieur, s’oppose ou se protège ; elle favorise l’émergence d’une instance de leadership calme et aimante au cœur du système interne.
Plusieurs praticiens et équipes de formation explorent aujourd’hui ces croisements théoriques et cliniques.
Éthique et accompagnement : la puissance du dispositif exige une mise en place mesurée. J’accorde une grande importance à l’entretien préalable, à la clarification de la demande, au consentement des participants et à l’ancrage après la constellation (intégration, verbalisation, soutiens possibles). Le travail peut faire émerger des émotions fortes, des souvenirs douloureux, des révélations sensibles. Il faut donc être prêt à recevoir, contenir, et orienter vers un accompagnement complémentaire si nécessaire.
Les constellations sont un outil pour ré-ordonner, reconnaître et remettre en mouvement, elles ne remplacent pas un suivi médical ou psychiatrique quand celui-ci est nécessaire.
Mon engagement est d’accueillir avec respect, de remettre en place les lois d’appartenance et de proposer d’accompagner l’après, pour que le mouvement initié sur le plateau trouve un prolongement durable et l'intégration dans la vie quotidienne.
Ces pratiques trouvent aujourd’hui un écho possible dans des découvertes récentes des neurosciences, particulièrement autour du système nerveux autonome et de la façon dont le corps «lit» la sécurité et le danger.
Notamment, la théorie poly-vagale de Stephen PORGES apporte une grille utile : elle décrit comment des branches du nerf vague et des circuits cérébraux supportent des états de connexion sociale (sécurité), de mobilisation (alerte) ou d’immobilisation (congélation), et comment notre organisme opère une «neuroception», une détection automatique de la sécurité. Souvent en-dehors du contrôle conscient. Comprendre ces états et leurs basculements aide à saisir pourquoi une constellation, en modifiant la position relationnelle et la perception du champ, peut produire une sensation immédiate de détente, d’apaisement, ou au contraire réveiller des réponses de défense. Autrement dit : la posture relationnelle et la capacité à rester centré dans un espace sécurisé sont liées à des circuits cérébraux précis qui gouvernent à la fois le cœur, la respiration et les réponses émotionnelles. C’est une piste pour comprendre pourquoi, dans une constellation bien cadrée, le simple fait de «voir» sa place ou la place d’un ancêtre modifie rapidement le registre somatique et la capacité à choisir autrement.
Enfin, il semblerait que les récents travaux sur l’interoception (la perception des états internes du corps) et les revues récentes sur la physiologie du trauma montrent que le vécu corporel et la mémoire implicite jouent un rôle central dans nos répétitions comportementales. L’interoception nous enseigne que le cerveau construit en permanence une représentation du corps et de son état, et que cette représentation informe nos décisions, nos sensations d’appartenance et notre réactivité. Les revues sur l’implication du système nerveux autonome dans le traumatisme (synthèses récentes) confirment que des états chroniques de vigilance, d’hypo-activation ou de dissociation modifient l’accessibilité émotionnelle et la capacité à se relier. Au croisement, ces éléments neuroscientifiques éclairent pourquoi un dispositif comme la constellation, qui agit simultanément sur la position corporelle, la perception sociale et la narration symbolique, peut permettre des basculements durables.
Pour conclure, je tiens à préciser que je ne suis pas scientifique, mais une simple thérapeute curieuse avec une grande soif d'apprendre et de comprendre ce mystère merveilleux qu'est le vivant. Et j'accompagne avec respect et tendresse, car chaque individu sait mieux que quiconque ce qui est juste
et bon pour lui, et mon rôle n’est pas de donner des réponses définitives, mais d’offrir un espace où le corps et le système peuvent se faire entendre.
Le corps est fabuleux et incroyablement intelligent, fiable et porteur de signaux subtils que notre mental ne capte pas toujours.
Comme le rappelait Spinoza, « L’âme et le corps sont la même chose », et Didier Anzieu, en psychanalyse, soulignait combien la peau, le corps et le moi-peau constituent un réservoir précieux d’informations et de régulation.
Respecter cette intelligence corporelle, c’est permettre à chaque personne de retrouver sa juste place, de reconnecter avec sa valeur et de circuler librement dans ses relations, y compris avec l’argent et les autres.



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