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Quand la théorie éclaire la pratique. Intrications visibles et invisibles  et quand l’art-thérapie et les constellations rejoignent la science

  • Photo du rédacteur: Letoile Virginie
    Letoile Virginie
  • 20 sept.
  • 5 min de lecture
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Ferenczi, Anzieu, Bowlby, la polyvagalité…. et pourquoi tout cela compte en thérapie.

 

Les outils thérapeutiques prennent sens quand on sait d’où viennent certaines souffrances et comment le corps et le champ relationnel y répondent. Je propose ici une lecture croisée de quelques théories fondatrices et récentes découvertes. J’ai souvent cette sensation et impression, qu’en thérapie, rien n’arrive par hasard.

Derrière un silence, une crispation du corps, un conflit qui se répète, il y a souvent une histoire inscrite dans la chair et dans le champ relationnel. Les outils que j’utilise (art-thérapie, constellations familiales, psychothérapie…)  prennent une grande force quand ils s’appuient sur des éclairages venus de la psychanalyse, de la psychologie de l’attachement, des neurosciences et même inspirées de la physique contemporaine.


La « confusion des langues » (S. Ferenczi) : la trahison de la tendresse

Ferenczi, déjà au début du XXe siècle, nous parlait de la « confusion des langues ». Il a mis en lumière l’idée que l’enfant et l’adulte peuvent parler des « langues » différentes : l’enfant parle la langue de la tendresse, de la dépendance, du jeu ; l’adulte peut imposer la langue de la passion ou de la violence. Lorsque ces langages se confondent, l’enfant est placé dans une situation incompréhensible et traumatique. Ce décalage produit une fracture intime, une blessure de langage et de confiance.

Non seulement par l’acte lui-même, mais par l’impossibilité de symboliser et d’être soutenu. Cette notion éclaire tout particulièrement les dynamiques où la demande d’affection est détournée en injonction.

En constellation, Tout le travail se construit autour de la reconnaissance et comment nourrir ce qui ne l’a pas été, ou alors provenant de la « mauvaise » source. Car on voit souvent de la confusion des « places », des actes pris pour de la tendresse mais qui ont été occupées par une agitation passionnelle ou une culpabilité héritée alors que l’enfant lui appelle à la tendresse.


En art-thérapie, le travail symbolique au travers du processus de création, permet de nommer ce qui n’a pas pu l’être en mots et d’offrir une expérience réparatrice qui redonne sens au langage de la tendresse.

 

Le « moi-peau » (Didier Anzieu) : la peau comme support du lien et du contenant

Didier Anzieu, plus tard, a ouvert une autre porte avec son « Moi-peau ». Il nous rappelle que notre première maison, c’est notre peau. Quand cette enveloppe symbolique est fissurée, tout se brouille : les limites, l’appartenance, l’habitation du corps.

Anzieu propose que la peau n’est pas seulement enveloppe physique, mais métaphore et structure psychique : le « moi-peau » protège, donne des limites et accueille les sensations d’appartenance. Les blessures précoces à cet « en-veloppe­ment psychique » se traduisent par des troubles de la régulation, qu’elle soit thermique, émotionnelle, sensorielle, ainsi que des limites fragiles et/ou des difficultés à habiter son corps.

 

Avec l’art-thérapie, en sollicitant mouvements, textures, couleurs, gestes, etc… réactive l’expérience corporelle première : la peau-moi retrouve une capacité de contact et de contenant. Les constellations prennent dans ce cas un sens comme une mise en scène spatiale de ces limites : donner une place à une sensation, à une partie du corps, et peut-être, ainsi, restaurer un contour psychique.

 

L’attachement (John Bowlby) : la sécurité comme base du développement

Puis vient Bowlby, qui nous montre combien l’attachement est matrice. Selon que l’enfant a trouvé ou non une base sécurisante, il apprendra à s’ouvrir ou à se méfier, à fuir ou à « quémander ». La théorie de l’attachement montre combien la qualité des réponses parentales aux besoins de l’enfant forge des modèles relationnels durables (sécurisant, évitant, ambivalent, désorganisé). Ces modèles structurent la confiance, la capacité à recevoir du soutien et la manière dont le système nerveux répond au stress.

Pendant une thérapie, reconnaître un style d’attachement, peut permettre de comprendre pourquoi une personne craint le contact ou au contraire le réclame sans fin. Ceci éclairerait l’origine des répétitions relationnelles

Les constellations peuvent aider à observer le réseau d’alliances et loyautés (qui influencent l’attachement) ainsi offrir une possibilité de reprendre son pouvoir d’agissement en conscience.

Quant à l’art-thérapie, celle-ci peut offrir des mises en situation où la régulation affective peut être pratiquée dans un cadre sûr et sécure.

 

Système nerveux autonome et théorie polyvagale : comment le corps « lit » la sécurité

Les neurosciences contemporaines, avec la théorie polyvagale de Stephen Porges, donnent à voir ce que le corps savait déjà : notre système nerveux lit en permanence le monde, cherche la sécurité ou détecte la menace.

Un mot, un regard, une position dans l’espace peuvent déclencher l’apaisement… ou l’alerte. En effet, la théorie polyvagale distingue des branches physiologiques qui soutiennent la connexion sociale (voie ventrale), la mobilisation (sympathique) et l’immobilisation ou congélation (dorsale) et elle introduit le concept de « neuroception » : une détection automatique de sécurité/menace qui organise nos réponses avant toute pensée consciente. L’intervention thérapeutique devient alors un travail de régulation. Mise en sécurité du corps (rythme respiratoire, ancrage), parole bienveillante, rythme de l’exposition, etc…   

 

C’est pour cela que, parfois, une simple mise en scène en constellation détend profondément, ou au contraire met en tension : le système nerveux réagit avant la pensée. Ce qui permets de rendre visible et de réajuster. Car comprendre ces états aide à expliquer pourquoi une constellation ou une mise en image peut provoquer, chez certaines personnes, une détente immédiate ou au contraire une montée d’alerte.

En séance d’art-thérapie, la modulation sensorielle (matériaux, intensité, temporalité) est une façon directe de solliciter la voie ventrale.

 

Intrication quantique et « réel voilé » : métaphores et vigilance

Et puis, il y a les métaphores venues d’ailleurs : l’intrication quantique, le « réel voilé ». Non pas pour dire que la physique explique nos psychés, mais pour nous offrir des images puissantes : des histoires familiales qui résonnent à distance, des liens invisibles qui continuent d’agir. La physique quantique, notamment les travaux sur l’intrication et la réflexion philosophique sur un « réel voilé » (d’Espagnat), a nourri des métaphores puissantes : non-séparabilité, corrélations à distance, réalité qui dépasse l’observable immédiat.

Ces images peuvent inspirer une pensée du lien : nos systèmes sont parfois « intriqués » au sens où les histoires familiales résonnent à distance dans des comportements apparents. Mais il faut être clair : il n’y a pas d’autoroute scientifique démontrée reliant l’intrication quantique aux processus psychiques macroscopiques et utiliser la physique quantique comme modèle doit rester métaphorique et critique.

Personnellement, je me sers de ces métaphores pour raconter la manière dont un événement oublié peut « influencer à distance » une destinée familiale mais toujours en veillant à ne pas naturaliser ou mystifier le soin. La science quantique nourrit une poésie clinique, pas une causalité directe.

Les métaphores scientifiques enrichissent la clinique mais ne la remplacent pas.

 

EN CONCLUSION, Ce que ces approches ont en commun, c’est de nous rappeler que l’intégration se joue à plusieurs niveaux : psychique, corporel, relationnel et symbolique. En art-thérapie et en constellations, j’essaie de créer ce lieu où la tendresse pourrait se dire sans confusion, où la peau pourrait retrouver un contour, où le système nerveux peut se reposer, et où les liens familiaux pourraient se réordonnent dans un champ plus juste.

 

Car au fond, chaque théorie, chaque découverte, chaque image scientifique vient nous dire la même chose : nous sommes des êtres de lien. Et c’est dans la restauration de ce lien, à soi, aux autres, au monde, que s’invente l’intégration.

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